TROP VIEUX POUR ÊTRE JEUNE, TROP JEUNE POUR ÊTRE VIEUX !

ou le nez dans le téléphone

Hier, alors que nous faisions un tour de pâté de maison (forcément nous appliquons à nous-mêmes nos sages recommandations de mouvement et de marche), nous avons croisé une file de personnes qui attendaient devant un restaurant. Et nous avons vu une scène qui n’aurait pas été possible avant les années 2000. Pas une personne ne se parlait. Ils avaient tous le nez dans leur téléphone. 

Aujourd’hui, faire la queue et parler à son voisin paraît surréaliste voire même une intrusion dans l’intimité de l’autre. Et quel bonheur, dans le train, de ne pas avoir à entamer une conversation, en affichant résolument ses écouteurs sur les oreilles.

Quel bonheur ? Vraiment ? N’y avait-il pas quelque chose de profondément sympathique à échanger avec un inconnu quelques mots sur la météo, ce papotage léger qui a même donné lieu à une expression « parler de la pluie et du beau temps » ? Passerions-nous de l’homo-papotus à l’homo-fermetus ? Même les coiffeurs se plaignent qu’on ne leur parle plus. Et les caissières, qu’on ne les regarde plus, la tête dans le téléphone, la main sur le porte-monnaie. L’inverse existe aussi, c’est le trop-plein d’information, que les anglo-saxons nomment TMI (Too Much Information) et dégainent afin de dire stop à un interlocuteur qui vous en raconte beaucoup trop, alors même que vous ne serez pas amené à le recroiser.

Mais le problème est que moins on se parle, moins on sait se parler, et que ça contribue à l’ambiance générale, plutôt à l’heure de la méfiance, voire de l’agressivité.

Anne et Charlotte, en pleine convivialité

Parler de la pluie et du beau temps, ce n’est pas forcément échanger sur le sujet météo, en tous cas pas que.

L’équivalent en anglais se dit « small talk », que nous traduirons allègrement par petite parlote 😉. Le small talk ouvre la voie à des occasions de discussions avec des gens différents, huilant sans en avoir l’air les rouages du collectif. En plus ça peut nous donner l’occasion de sourire, dont on connaît les bienfaits sur l’humeur. Et pourtant, si ça apporte tant, pourquoi est-ce si difficile ? C’est comme pour tout, moins on pratique, moins c’est aisé. Et pour les générations qui nous suivent, et privilégient les sms aux appels, c’est encore plus difficile. Le muscle de la conversation s’atrophie ! « Plus on communique par téléphone et messagerie, moins on développe de liens sociaux « offline » et plus on appréhende de parler à quelqu’un qu’on ne connait pas » résume Joe Keohane dans The Power of Strangers.

Alors la prochaine fois que vous ferez la queue, tentez d’afficher un visage avenant, souriez et n’hésitez pas à engager la conversation !